mercredi 2 décembre 2009

LE SEL DANS SON ENVIRONNEMENT ASSOCIATIF : UN CHEMINEMENT RETROACTIF

Printemps 2004.indd
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 S’il y a une notion qui unit les différents SEL, c’est bien celle de se grouper localement pour vivre mieux et le plus possible en dehors d’un système libéral économique qui nous écrase et détruit tous les équilibres naturels. Mais nous ne sommes pas les seuls à vouloir trouver les moyens d’y parvenir et de plus en plus souvent des passerelles se forment avec d’autres associations au but similaire mais au cheminement différent quoique complémentaire. Inversement, en étudiant comment se sont établies de telles passerelles, il nous est apparu que c’était parfois à partir de ces associations que certains SEL s’étaient formés. C’est donc à partager des expériences se dirigeant dans les deux sens que finalement nous vous convions dans ce dossier.


Et pour commencer, je dirais plutôt pour continuer, car j’ai déjà dans mes archives (qui ne font que se gonfler de textes et de propositions diverses…) plusieurs textes comme celui du Sel de Gap, et aussi d’autres SEL qui ont accepté de tout dire, comme cela dans un article à faire partager aux 350 SEL. Je ne vous décevrai pas en vous disant que chaque SEL a son histoire et surtout ses propres attitudes. En ayant parcouru plusieurs milliers de kilomètres au travers du pays et même à l’extérieur de nos propres frontières, j’ai rencontré des centaines de sélistes et visité une bonne cinquantaine de SEL soit pendant leur A.G., moment très intéressant d’ailleurs pour se donner une idée précise de l’organisation ou simplement au cours d’une bourse d’échange. 

Mais aujourd’hui, je vais raconter ici une de mes plus belles histoires de SEL, c’est le SEL auquel j’appartiens en ce moment de ma vie, le SEL Gabare. Sel avec lequel j’ai des liens beaucoup plus fort qu’avec d’autres, auxquels j’ai participé ces dix dernières années. Ma première rencontre avec ce SEL, c’était justement pour le créer, et là, ce jour là j’ai rencontré Roland C. et la future présidente de ce SEL. C’était il y a bien longtemps et depuis beaucoup d’eau est passée sous les ponts de la Garonne, disons huit ans environ et le SEL Gabare s’est enraciné dans la vie citoyenne de Pessac. A ce moment précis, plusieurs SEL marquaient leur territoire sur la CUB (Communauté Urbaine de Bordeaux). Il y avait même un SEL en plein centre ville, et surtout le SEL de Mérignac qui marquait des points par leurs innovations. Eh oui, une banque du temps fut créée avec pour monnaie des Heure-au-Verts, avec billets “chèque-heures” s’il vous plaît, vert, bleu, rouge, orange... A en voir vraiment de toutes les couleurs. Ce SEL renaît d’ailleurs actuellement. 
Le SEL Gabare, contre vents et marées résista à tous les assauts… Avec ses bourses d’échanges amicales et régulières, des repas chez les membres et toujours la même culture du lien social que nous devons quand même à Roland qui en assure la continuité. Et puis il y a ce travail permanent qui se fait, et surtout des innovations dès le départ, une réelle inter-communication avec les élus locaux et la participation du SEL à toutes les occasions pouvant amener à renforcer la cohésion sociale. Une permanence le lundi soir, pas n’importe où : à la maison des associations permettant, par exemple, de donner, comme je l’ai fait pendant deux années, de petits cours de pratique de l’Internet à celles et à ceux qui y venaient, mais aussi d’assurer les petits travaux d’envoi du "petit bouchon" le journal trimestriel de l’asso. Les projets, seules sources d’avenir pour un SEL, sont le leitmotiv d’une asso qui tourne… Je dirais même d’une asso qui ronronne : l’accueil des nouveaux membres, les plannings mensuels de rencontres et des repas pris en commun, l’organisation de cette semaine de l’économie solidaire à laquelle ont participé plus de 300 personnes en octobre depuis deux années, la participation à la route des SEL, à la route des stages, faire partie des partenaires du JEU depuis sa création et ainsi permettre la libre circulation des unités en respectant un juste équilibre dans les échanges intersel. En effet plus de 30 SEL sont en Intersel avec le SEL Gabare sans aucun problème d’inflation, de déficit… Le SEL idéal existe… Non, mais ce sont tous ces petits plus qui font que lorsqu’on s’inscrit, les membres présents viennent immédiatement racontés tout ce que je viens de vous narrer ici… Et les idées ne sont pas en manque ; jardins solidaires, liens avec une AMAP, médiathèque portable avec beaucoup de livres et de vidéos très intéressants. La richesse c’est cela, le partage et la mise en commun d’idées “selidaire“, libres de droits et à utiliser par celles et ceux qui participent à l’idée qu’un SEL c’est autre chose qu’un vide-grenier.

Bien sélidairement Daniel Delarasse (n°28 du SEL Gabare ) , rédacteur.

Publié au Printemps 2004 sur ECHANGES La Lettre
 

mercredi 18 novembre 2009

Nouveau....Et quand même assez génial.



Comment expliquer ces inter-actions...

Si vous voulez savoir ; venez me rejoindre sur Ipernity...un réseau social à la hauteur de nos besoins...

A suivre

dimanche 8 novembre 2009

Sauvons les SEL de la mort lente....

La Mort des SEL ????? nouveau ....!! texte de mai 2004

Sauvons les SEL de la mort lente ou comment passer d'un SEL jetable à un SEL durable ?
Texte de Daniel Fargeas, Mai 2004

Après un bel élan de quelques années, les SEL disparaissent ou s'étiolent
les uns après les autres, regardons pourquoi.

Depuis 1994, les SEL soulèvent notre enthousiasme. Quelle belle idée.
Pendant quelques années les échanges vont bien. Le niveau de vie des
adhérents augmente, chacun y gagne en dignité. Les échanges sont d'abord
dopés comme dans toute société où l'on introduit une monnaie abondante. Les
grains, les truffes, les unités de valeur (quel que soit leur nom)
apportent de l'huile dans les échanges et les relations. Puis au bout de 4
ou 5 ans, ce beau mécanisme commence à se gripper. Pourquoi?

Un réseau d'échange, un système d'échange, c'est un territoire, c'est comme
un grand chaudron dans lequel on prépare de la soupe. Cette soupe ce sont
les hommes et les richesses qu'ils produisent. Ces hommes et ces femmes
créent la richesse par leur imagination, leurs rêves, leur communication,
leurs accords, leurs enthousiasmes, et la confiance qu'ils s'accordent.
Pour faciliter les échanges on ajoute des unités dans le chaudron et ces
unités circulent de l'un à l'autre.


Qu'est-ce qu'une unité?



Dans les SEL, les unités d'échange, sont censées
permettre plus d'équité dans les échanges. Les unités sont comme des
tickets, des promesses de consommation. Alors qu'un ticket de bus permet
seulement de consommer du bus, une unité de valeur dans un SEL permet de
consommer n'importe quelle richesse ou service disponible dans le chaudron,
c'est une unité de consommation universelle comme n'importe quelle monnaie
classique. Encore faut-il que les richesses soient là. S'il n'y a pas de
bus au rendez-vous (en grève, trop peu nombreux, pas réparés ou remplacés
ou bloqués par un encombrement), on peut avoir pleins de tickets dans la
poche, on est quand même obligé d'aller à pied. Dans un réseau d'échange,
dans un SEL, nos unités de consommation universelle ne nous sont pas de
grande utilité si les richesses ne sont pas en face.


La règle dans les SEL, est que les unités de consommation (les crédits) naissent des débits.

C'est un peu ce qui se passe dans la société orthodoxe
(de l'euro ou du dollar) où ce sont les découverts et les prêts qui
apportent des unités monétaires dans le système. Mais il y a une grande
différence: dans le système orthodoxe, ces prêts sont rigoureusement
contrôlés. Toutes sortes de mesures de régulation, de garanties, de lois
financières ou civiles, de tribunaux, de prisons sont mis en place pour
permettre le retour des unités prêtées.
Dans les SEL, donc, quand quelqu'un est en débit, sa consommation
personnelle des richesse du réseau est (c'est la définition du mot débit),
supérieure à sa production personnelle. On est en face d'une destruction de
richesse (une salade consommée est une salade détruite). Les unités
"négatives" représentent de la richesse réellement produite puis consommée
et détruite. L'ennui, c'est que quelqu'un augmente son crédit en même
temps. Il se met à accumuler des unités sur son compte. Il accumule des
chiffres. Les unités "positives" représentent un droit symbolique de
consommation future (dans un SEL, ce sont des chiffres dans des colonnes,
autant dire du vent ou presque).

Maintenant groupons tous les débits d'un côté. On obtient une grosse masse
de destruction de richesses. De l'autre côté, en exacte proposition on
obtient une belle addition de chiffres. Plus le réseau se développe plus
ces masses grossissent. Les porteurs d'unités se retrouvent avec plein de
chiffres positifs sur leur compte et de moins en moins de richesses
disponibles sur le marché.


La mort lente des SEL



Vous devinez la suite. Les possesseurs d'unités commencent à trouver que les services sont de plus en plus difficiles à obtenir. Leur enthousiasme à
produire des biens et services, commence à s'émousser. Avec cet
enthousiasme qui s'envole, c'est toute la richesse potentielle du réseau
qui s'effrite. Ces "producteurs" suspendent leurs services en espérant
d'abord consommer la richesse qu'autorisent leurs unités accumulées.
Ce processus d'essoufflement est difficile à repérer. Il est masqué d'une
part, par l'arrivée de nouveaux adhérents "tout feu, toute flamme".
D'autre part, le temps de réaction est variable pour chacun. L'éternel
méfiant s'arrête de produire avec 500 unités tandis que l'éternel
optimiste, peut s'arrêter de produire quand il atteint 40.000 unités. De
leur coté, les personnes débitrices ne se mettent pas comme par
enchantement à produire. Pour elles aussi, l'accès aux services se fait
plus difficile. Elles hésitent à renouveler leur cotisation. Puis, quand
elles sont exclues et rayées des listes pour défaut de paiement de
cotisation, vexées par cette exclusion, elles ne pensent évidemment plus à
leur dette vis à vis du réseau.
Dans les petits SEL, où les échanges se font "à la bonne franquette" et
sont très peu comptabilisés, il n'y a évidement que très peu de création
d'unités et l'équilibre entre création d'unités et création de richesses
n'est pratiquement pas menacé.


Comment passer d'un SEL jetable à un SEL durable


Il nous faudra peut-être un peu de temps pour que nous admettions que les
grands SEL ressemblent à une machine à transformer de la richesse en
unités, en chiffres sans valeur. Les SEL et les LETS comportent une
véritable bombe à retardement. En comprenant ce lent et inéluctable
mécanisme d'autodestruction nous pourrons désamorcer cette bombe et
apprendre à contrôler l'émission des unités.
Ces unités de consommation devront évidemment être émises parallèlement à
la production des richesses et non pas parallèlement à leur destruction.

Puisque qu'il y a trop d'unités en circulation en France (parce que les
débits sont créateurs d'unités), ne continuons pas à en créer encore plus,
supprimons d'abord les débits. Si l'équilibre richesses-unités redevient
normal, on pourra à nouveau autoriser l'injection d'unités dans le système,
soit en réintroduisant prudemment les débits ou par d'autres méthodes de
création d'unités, comme celles qui ont fait leurs preuves dans le réseau
Ithaca (prêts gratuits, bourses accordées à des associations caritatives
apportant une richesse sociale depuis longtemps, crédits individuels
accordés en échange du maintien d'un service essentiel pour une durée de
plusieurs mois). L'ajustement des unités injectées dans le réseau peut être
réglé par un mécanisme déjà utilisé dans le réseau Ithaca. Une petite
visite à Ithaca (au nord de New York) ne serait pas du luxe.


Quelques autres mesures


En attendant que la prise de conscience se fasse et que les mesures
appropriées se mettent en place, je suggère que les échanges se fassent en
trocs, dons ou partages, sans comptabilité. Les échanges seront stimulés si
les annonces de nos bulletins de liaison sont assez séduisantes pour nous
donner envie de nous rencontrer. Les rencontres collectives ont aussi leur
rôle. Avec une fréquence mensuelle et à dates faciles à retenir et connues
de tous, elles pourraient regrouper sur 3-4 heures, un marché, un repas
avec panier tiré du sac, une présentation et un débat sur les projets et
options futurs. Chacun pourrait y trouver une motivation pour venir à la
fête.

Daniel Fargeas, 66600 Vingrau, mai 2004

jeudi 22 octobre 2009

Il y a un an déjà...Une journée très particulière.

Et oui...Rappelons nous ce moment .

C'était une vraie histoire...

Le lundi noir en octobre 2008... 
http://albertdieu.blogspot.com/2008/10/lundi-noir-en-octobre.html

Cette année, à une année d'intervalle le 19 octobre , Albert Dieu se retrouvait avec la même personne , mais cette fois aux obsèques de son père...Y-a-t-il une coincidence dans les évènements ?

Certainement car son père, Albert D. ne l'avait vu qu'une heure dans sa vie...
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vendredi 16 octobre 2009

La porte de l'aventure mauritanienne


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Et oui, combien de fois avons nous franchi cette porte bleue...bientôt Albert Dieu vous racontera son magnifique voyage au coeur de l'Afrique.
Avant cela je vous mettrai de très belles photos...A bientôt.

samedi 19 septembre 2009

Bonne année, je suis vivant...!!!! de la part de Charly.

La dernière fois je suis partis, encore plein de certitudes. J'avais choppé le VIRUS en gare de Toulouse, j'ai donc accompli ma première nuit avec l'Alien en moi. Ce fut une grande nuit d'échange entre chacune de mes cellules et VIRUS, chacune s'ouvrait et acceptait H1N1, et les anti-corps se développaient, fallait voir l'état dans lequel j'étais. Fièvre carabinée, toutes les articulations lourdes presque douloureuses, mais c'était pour la bonne cause.
Lundi, je me réveille, si on peut dire, pestiféré. Putain comment faire pour ne pas contaminer mon entourage, si je tousse en oubliant de mettre ma main ou mon coude ? Combien de temps la pièce est infectée ? si je touche, sans m'être lavé les mains un objet, combien de temps il est porteur du virus ?? j'écoute tout ce qui passe sur H1N1 et je peux vous dire qu'entre lundi 31 et mardi 1er septembre, j'en ai entendu des fins connaisseurs, ils parlent pandémie, géopolitique, tout ce qui est prêt, ce qui vas l'être, comment çà va réagir aux pics aux caps aux péninsules, mais RIEN que tchie de vraiment concret pour l'envirusé....T'es seul, avec le regard de ceusses qui pensent que tu peux leur filer...Et faut les comprendre, vue ce que je chargeais, putain le mercredi je tiens plus, un pot du milieu médical m'avait recommandé de faire venir le toubib, histoire de ne pas contaminer la salle d'attente.
Comme je ne suis pas spécialement médicalisé, mon référent habite à 20 bornes de chez moi. Pratique quand si je sors je farcis le monde de mes miasmes. Après une recherche très difficile, fallait voir l'état du malade !!. Je trouve le tube d'un vieux toubib de mon quartier. Je l'appelle vers treize heures, j'ai du le réveiller de sa sieste, il avait la voix endormie, il me dit passez tout à l'heure. Je lui dis que je vais empèguer ses patients. Il me dit VENEZ. OK à tout à l'heure. J'ai mis 20 minutes pour faire les trois cents mètres qui séparent son cabinet de ma piaule.
Je vous passe les détails, sinon qu'il me dit : C'est pas H1N1, si vous voulez je vous roule une pelle vous verrez bien que c'est pas la grippe porcine. En plus a votre age ce ne peut être grave pour 99,99% des cas alors mon cher non vous n'êtes pas pestiféré. Prenez pendant quatre jours ces comprimes: ordonnance antibiotiques et corticoïdes ... Il ne m'a pas dit ce que j'avais. 22€ et 8€ de médocs. Sans me prescrire d'ultra levure. Mes derniers antibiotiques, j'avais due les prendre il y a plus de trente ans.... J'ais compris pourquoi, il ne m'avait pas prescrit d'ultra levure, non remboursée et çà coute 5€60 la boite....Bon comme sur la fin j'avais plus de flore fallait.
Bref mes fréres, comme un c.. j'avais ouvert toutes grandes mes cellules à une bactèrie qu'a faillit m'avoir, et tout doucement je reviens mes sapiens de congénères dans votre monde du vivant à donf...


Remerciements à Hurleleberlu...pour sa participation exceptionnel en direct des Cévennes...



A suivre…/….






vendredi 4 septembre 2009

La véritable histoire des S.E.L. depuis 1994....

Un peu d'histoire... (premier épisode)

Au mois de septembre 1995, lorsque je fus invité pour la première rencontre INTERSEL à Mirepoix, par François Terris, je fus hébergé chez une certaine Françoise M. qui avait d'ailleurs ouvert sa maison à plusieurs sélistes venus des quatre coins de la France. Après une journée d'échanges exceptionnelles où je rencontrais à l'époque presque tous les animateurs de réseaux, et fit la connaissance de Daniel Fargeas qui tenais un stand pour ses fiches écologiques. C'est aussi là que je rencontrais pour la première fois Alain Bertrand, pionner de la coordination des SEL de cette époque.
Mais le lendemain, c'est avec Michel Tavernier que je pris mon petit déjeuner , très riche en conversation avec ce monsieur que je voyais pour la première fois et qui me faisait découvrir : l'Ecosophie.***

Nos chemins se croisèrent à plusieurs reprises , entre autres lors d'une conférence à l'Université de Génève, où était invité Denis Bayon* *(auteur du livre: Les S.E.L. pour un vrai débat) qui me laissa la joie de répondre aux divers questionnements sur les SEL , le dimanche matin , devant 300 personnes rassemblées dans le grand amphi de l'Université de Genève.
Michel Tavernier y était présent aussi et j'ai toujours un petit film sur lui et sur pierre Rabhi qui participait à ce rassemblement genevois.
Depuis Michel nous a quitté, mais laisse derrière lui de nombreux textes et le résultat de ses travaux.

*
LES SEL, pour un vrai débat


Je commande : Les S.E.L. , pour un vrai débat (Yves Michel) A l’aube du XXIème siècle, de nombreux changements s’opèrent tant dans le domaine humain qu’économique et social. Chacun peut prendre conscience du bilan désastreux de notre société capitaliste qui nie toutes valeurs humaines pour laisser la part belle au profit, à la spéculation. Il paraît donc nécessaire, voire urgent, de créer des économies alternatives qui visent une redéfinition de l’argent mettant l’intérêt égoïste de chacun au service de l’intérêt de la communauté : les S.E.L. en sont un vivant exemple ;ils se singularisent par une économie parallèle sans argent.
Dans son ouvrage, l’auteur Denis Bayon (économiste et chercheur à l’université de Lyon), nous présente ces Systèmes d’Echanges Locaux, leur histoire, leurs règles de fonctionnement, leur but solidaire, leur lutte contre l’exclusion.


Dans une première partie, l’écrivain va démontrer la simplicité de ce mécanisme d’échange et donner quelques exemples pour illustrer son analyse. Cela pourrait être ce voisin qui voudrait bien qu’on l’aide à réparer sa toiture, alors qu’il offre ses services de jardinage... telle autre personne propose sa machine à coudre pour la confection de rideaux alors qu’elle aurait besoin d’un coup de main pour vider son grenier... Ces services ne sont pas gratuits, les comptes de ces échanges se font au moyen d’une unité propre à chaque groupe et dont l’appellation vient de l’imagination des membres du S.E.L. correspondant ; cela peut être des cailloux, des prunes, des grains... Il n’est pas question d’argent, de telle sorte que ceux qui n’en ont pas puissent aussi bénéficier des services et des biens de la communauté qui est limitée à un quartier, un village, une ville.
Denis Bayon met bien en exergue le côté dérangeant de cette économie parallèle pour les institutions en place, ce à quoi elle doit faire face pour se défendre et surtout bien expliquer ce qu’elle est réellement car son avenir dépend de l’interprétation qui sera faite par les pouvoirs publics.

C’est avec un peu d’histoire que le lecteur replacera l’apparition de ces systèmes d’échanges locaux et quelles ont été les raisons de leur émergence. Il est vrai que cette partie du livre semble assez « prise de tête savante » mais elle est indispensable pour une meilleure compréhension des pages suivantes qui vont être consacrées à l’historique des S.E.L. et à leurs moyens de fonctionnement.

L’auteur explique d’une manière claire le mécanisme des S.E.L. qui s’appuie aujourd’hui sur des expériences et des initiatives du passé, ses règles ne sont donc pas nées du hasard. Moult détails sont donnés pour que l’on soit imprégné d’une atmosphère toute particulière, toute nouvelle et que notre imagination nous mette dans l’expectative de toute une société basée sur l’égalité, l’échange, le don. Est-ce utopique ? Ce serait en tout cas une réponse positive aux désirs de notre être intime !
La solidarité, la confiance, le respect, la transparence, la liberté... sont les maîtres mots de ces échanges locaux. Le lecteur trouve des réponses à ses moindres questions et est invité à prendre conscience de la réalité du monde social, économique et humain dans lequel il vit ou survit.
En fermant le livre de Denis Bayon, c’est une bouffée d’espoir qui fera son chemin dans l’esprit de chaque lecteur.

Les S.E.L. s’inscrivent, comme d’autres initiatives, dans un mouvement de déstandardisation de notre société actuelle pour un monde plus humain.


>>Les S.E.L.
Systèmes d’échanges locaux
pour un vrai débat
Par Denis Bayon

>> Editions Yves Michel
Le Souffle d'Or
BP 3
Le Paroir
05300 Barret-sur-Méouge

Tél. Info : 04 92 65 52 24
Tél. VPC : 04 92 65 10 61
Fax : 04 92 65 08 79


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Site Internet : www.souffledor.fr

samedi 29 août 2009

Les chemins de Canterate (4ème épisosode)


« alors, racontez-moi un peu ce qu’il vous est arrivé ? » lui suggéra brutalement Gwendoline, en allant droit au but. De cette manière elle pensa que Luc serait plus à l’aise pour formuler sa réponse.


« Ce qu’il m’est arrivé ! » répondit Luc, un peu surpris par la question brutale qui venait de lui être posée, lui qui s’était bien juré de ne rien révéler de sa situation afin de rester libre de ses actions futures, et ne pas être marquer en permanence par son passé qui de toutes les façons l’avait meurtri à jamais.
Il répéta : « Ce qu’il m’est arrivé, je préfère sincèrement ne pas évoquer cela aujourd’hui, si vous me le permettez , je sors d’un mauvais rêve c’est a peu près tout ce qu’il m’est possible de vous dire et je suis tellement bien là, en face de vous avec ces conditions exceptionnelles, la chance que j’ai eu, ce matin en vous rencontrant en arrivant dans votre petit village, et puis cette chambre tranquille qui va me permettre de rester un peu dans ce pays si accueillant. Et puis cette saison qui s’annonçait si douce, tout cela vous voyez, c’est un peu pour moi comme un don du ciel…. » Il parlait, parlait et Gwendoline avait les yeux rivés sur ses lèvres ne sachant plus que répondre, elle savait qu’elle l’avait heurté au plus profond de lui-même en l’attaquant de front, cela ne se faisait pas, et elle commençait à regretter sa trop grande franchise. Elle se demanda comment rattraper simplement la conversation, une idée lui passa par la tête : « Au fait, ce soir il y a une réunion entre amis à neuf heures pour préparer une rencontre d’échanges dans un petit village voisin, si cela vous dit , je passe vous chercher et comme cela vous ferez connaissance avec les gens du coin. »
Luc, à l’idée de rencontrer des gens nouveaux, était heureux. Et il se dit enthousiasmer par cette idée . Il continuèrent à échanger quelques idées sur la vie au pays et Luc, s’apercevant qu’il était déjà quatre heures, se leva et régla le prix de son repas. Il s’approcha de Gwendoline et lui dit : « vous voyez, je viens de passer un des meilleurs moments de ma vie, et je vous prie de m’excuser pour tout à l’heure, j’ai été un peu brutal, mais vous comprendrez un jour ce qui ce passe en moi. Allez à ce soir, neuf heures comme convenu . » Ils se firent de grands sourires et se quittèrent en se donnant rendez-vous à neuf heures. Sur le chemin du retour, Luc pensa à ce qu’il venait de lui arriver et se disait qu’il serait désormais face aux autres, seul avec son passé et que chaque fois il se verrait dans la même situation , devait-il le dévoiler au premier venu sous peine de paraître mystérieux ou devait –il tout simplement à chaque fois détourner la conversation vers d’autres sujets ? Combien de temps tout cela pouvait-il durer, et jusqu’où pouvait-il tenir lui-même ? Cela il n’en avait aucune idée précise.
Il traversa, malgré la chaleur, d’un pas alerte le village et ne tarda pas à arriver à sa chambre , il tourna la clef dans la serrure de la porte, et fut agréablement surpris par la fraîcheur qui régnait dans le bâtiment, il ouvrit la porte de sa chambre et se dirigea vers le lit pour s’y étendre après avoir plié délicatement le couvre-lit, et après encore quelques idées qui lui revenaient en mémoire il finit par sombrer dans un profond sommeil .
Lorsqu’il se réveillât, son premier regard fut pour son réveil qui avec son tic-tac assez bruyant avait l'air de le rappeler à l'ordre : il était bientôt sept heures, et sa journée était passée comme cela, très rapidement, il se déshabilla rapidement, et se mit sous la douche presque froide, il était de nouveau attiré par l’image de son corps, et se regardait sous tous les angles devant la glace qui lui renvoyait une image de lui qu’il avait eu tendance à oublier, il se trouvait encore assez beau garçon et pensa soudain qu’il pouvait encore séduire, ce qui ne lui était pas venu à l’idée depuis très longtemps. Il s’essuya hâtivement en s’assurant de bien sécher toutes les parties de son corps, puis enfila sa chemisette , son slip et son pantalon, puis termina de se raser.
Il prit son porte-monnaie et ses papiers et sortit pour faire la découverte de l’autre partie du village, il passa devant la boutique de sa loueuse qui lui dit : « alors, vous avez fait le tour du village, Monsieur Luc. »
Il s’approcha d’elle et lui dit « Pas encore mais cela va venir, j’ai le temps, et puis il fait si chaud. Au fait ce soir, je prendrait mon repas si cela est possible vers huit heures. »
« Pas de problèmes, il y a toujours quelque chose à manger pour nos pensionnaires, lui répondit-elle, et puis pour vous ce n’est pas pareil, vous venez ici pour y rester à ce que je vois. »
A ces mots , Luc sembla surprit et dit « Bon à tout a l’heure » et il prit congé. Le tour du village fut vite fait, il croisa Gwendoline qui se dirigeait vers ‘’ le Jasmin Bleu ‘’ pour y reprendre son service, ils se sourirent, puis il passa devant une petite épicerie, tabac, quincaillerie qui avait l'air de tout faire même les journaux y compris la librairie. Il entra, acheta le journal local du jour et sortit immédiatement tant il faisait chaud dans cette boutique.



Luc découvre en sortant de l'épicerie - tabac qu'il y a bien une dizaine de petites ruelles étroites qui ont toutes l'air de converger vers une petite place centrale. Tous les bâtiments construits ont un rez-de-chaussée qui devait servir aux animaux et deux niveaux d'habitation . Tous les volets y sont soigneusement fermés, montrant l'inoccupation des locaux. Il aperçut sur la première maison une plaque ancienne sur laquelle était écrit: "Rue Pierre Loti", il continua son chemin et découvrit à quelques cent mètres de là cette ancienne halle en très mauvaise état ne servant sans doute plus à ses buts initiaux. Il y avait plusieurs personnes âgées qui discutaient, assises sur un banc de pierre, en attendant l'heure de la soupe, des enfants à bicyclette s'amusaient à faire le tour de cette toute petite place. Ce qui étonna le plus Luc, c'était l'absence de voiture et par là même de toutes ces nuisances occasionnées par leur présence, il est vrai que l'accès y était difficile voire presque impossible vu l'étroitesse des ruelles qui la desservait. Il trouva un banc resté libre, s'assit et déplia son journal, y lut rapidement les grands titres, s'arrêta sur les nouvelles locales, sans y trouver une réelle attention, il préféra de loin observer de nouveau ces enfants, qui imperturbablement tournaient à grande vitesse en criant de temps en temps des mots qui pour Luc, ne signifiait rien.
Il regarda sa montre et comprit soudain qu'il était temps pour lui de rentrer, son dîner devait l'attendre, en effet ,à peine était-il debout qu'il entendit égrener les huit coups de l'église. Il se dirigea d'un pas rapide vers son auberge, poussa la porte et tout de suite on l'invita à passer à table. Il alla se laver les mains rapidement et se retrouva devant une assiette de soupe de légumes fumante et odorante comme il aimait. Son repas du soir fût rapide, il ne pensait plus qu'à une chose: sa soirée chez les amis de Gwendoline. Luc but son café d'un trait, se leva, prit congé en disant "bonsoir Messieurs Dame, bonne soirée" puis se dirigea vers la porte d'entrée, il sortit et marcha en direction du " Jasmin Bleu". Il était déjà plus de neuf heures et il aperçut Gwendoline qui l'attendait, assise au volant d'une 2cv grise, vous savez, celle qui ont les deux gros phares devant, elle ne devait pas être toute jeune cette voiture. "Montez, lui dit-elle, c'est à quelques kilomètres d'ici et nous devons passer prendre Claude et Julia, des amis qui habitent une ancienne ferme isolée à la sortie du village"
Luc monta à côté d'elle et claqua d'un coup sec la portière, le moteur se mit à ronfler et voilà on était sur la route. Il y avait longtemps qu'il n'avait pas voyagé dans une 2cv, et cela lui rappela soudain que sa première voiture avait été la même, il y avait maintenant plus de vingt ans .
Gwendoline s'était délicatement parfumée et une odeur vanillée flottait dans l'air, elle n'arrêtait pas de parler, c'était un flot ininterrompu de paroles, et Luc avait du mal à suivre le fil de la conversation. Lui qui était habitué à ne plus converser pendant des heures et des heures se trouvait là comme submergé. Il essaya de faire le point dans sa tête, mais n'en eu pas le temps, déjà nous étions dans la cour de la ferme, Claude et Julia étaient montés derrière, la voiture était chargée au maximum, les présentations se firent simplement, Claude était assez timide, alors que Julia était parti dans une discussion avec Gwendoline, on devinait clairement qu'elles se connaissaient bien toutes les deux, à leur manière de parler sans équivoque.
"Luc, nous devons vous expliquer un peu où nous allons et ce que nous préparons pour la fin du mois, ici depuis maintenant une année nous nous retrouvons entre amis dans un groupe appelé "Sel de la Vallée" cela signifie système d'échange local. Nous avons deux réunions par mois qui nous permettent de recréer une vie locale, un peu comme autrefois. Vous comprendrez vite, vous verrez l'intérêt du système, surtout pour les nouveaux arrivants comme vous. Ici ce qui manque le plus c'est l'argent, il y a beaucoup de choses à faire, mais personne n'a d'argent pour le faire, alors il a fallu inventer d'autres façons d'y arriver."
Julia, insista sur un point précis "Nous ici on est un peu les pionniers en tout, il y a huit ans de cela lorsque l'on est arrivé, il n'y avait plus rien qui tournait rond dans le coin, on a vite pensé à retourner d'où l'on venait et puis on s'est accroché, c'était dur à l'époque, maintenant il y a quelque chose de nouveau qui nous a fait renaître, un sentiment d'être utile à quelque chose, d'être utile à ceux qui arrivent, et oui, depuis trois ans il y a des gens qui s'installent de nouveau dans le coin et on parle de rouvrir une école, c'était impensable au début."
On arriva dans un petit hameau, où déjà plusieurs voitures étaient garées devant un grand hangar agricole....


A suivre très bientôt

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mercredi 1 avril 2009

Mais où est donc caché Charlie ?


Bon , sérieux tout a commencé par un drôle de plan...Sacré Charlie, il en a toujours de bonne celui-là...!

- Et oui, tu as son adresse, j'espère...me demanda-telle.

Bon on se fait une petite bouffe légère et puis on y va ce soir ...!!!

- Quoi il est trop tard...déjà ! Tu plaisantes , Charlie, ne se couche jamais de bonne heure.

Et puis on est pas samedi ... Il est peut-être pas chez lui...

- Bon et puis quoi encore ...Tu me dis que c'est le premier avril...C'est encore une farce de mauvais goût... rajouta-t-elle avec un ton incisif.

- En effet ce goût bizarre c'est quoi ? du gingembre avec des huitres ...encore une drôle de préparation avec de la corme de rhinocéros et de la défense d'éléphant... Tu en a de drôle , Toi, avec tes aphrodisiaques africains.

- Vraiment bizarre , t'as acheté cela sur le Wouebbe...de Babylone...?

- Bon allez on fait un essai et si çà marche on en recommande dès demain matin ... Allez viens juste avant de partir chez Charlie, après il sera trop tard quand on rentrera...Et oui, demain je travaille...!

- mais demain ce sera le 2 déjà ...alors trop tard pour faire cette blague à notre pote Charlie...Bon c'est vrai qu'à 92 ans il en aurait besoin...mais il dit qu'il coure encore comme un lièvre au milieu des champs... Tu penses que çà marchera avec lui...

- Tiens le téléphone qui sonne ...!!!C'est qui ? réponds vite.

- C'est Charlie qui dit qu'il ne faut plus lui envoyé de cette saloperie de cacheton bleu...il préfère les suppositoires ...Et oui à son âge...!!!

- Bon allez raccroche et puis viens on se couche ... Ce coup-ci...si tu veux faire l'amour c'est tout de suite ou rien du tout pour ce premier avril, il est déjà 23h30...et en effet ce n'est pas une blague.

- Quoi tu es déjà au lit ?

- Mais non je t'attendais, j'ai une envie folle de Toi...

- Alors ?

- Alors quoi ?

- Mais qu'est ce que tu fais ?

à suivre....

Bonne nuit à Tous.





Les chemins de Canterate ( la suite 3ème épisode...)


Suite........Il attrapa la grande serviette blanche qui lui avait été remise, ....

et il se frictionna le dos avec, puis il décida de se raser de prêt, sa barbe était en effet très épaisse, cela ne prit que quelques minutes, il s’habilla rapidement, jeta un regard sur son réveil : il était resté plus de trois-quarts d’heure sous la douche, cela ne lui était pas arrivé depuis une éternité.


IIL lui fallait maintenant aller voir un peu le village, si village il y avait. Il sortit de sa chambre, donna un tour de clé, la mit dans sa poche et repassa devant le café, il y avait deux voitures de garer le long du trottoir et quelques clients qui avaient l’air de prendre l’apéritif, par la porte grande ouverte l’on pouvait entendre quelques conversations animées et il reconnut la voix de la patronne qui s’affairait derrière son comptoir.

Les douze coups de midi ne tardèrent pas à résonner du clocher de l’église voisine. Une église qui à première vue n’avait aucun signe particulier, si ce n’est l’état de vétusté de sa toiture qui aurait certainement besoin d’être refaite afin d’éviter tout accident.


Il continua son chemin, passa devant plusieurs anciennes boutiques transformées en logement et il se dirigea vers ce qui lui semblait être la grande place du village. Il devait y avoir eu, à une certaine époque une population très dense dans ce village, alors qu’aujourd’hui comme un peu partout en province il ne reste que des personnes âgées ou alors des « retour à la terre » comme ils disent. Des jeunes qui ont quitté la ville à cause des conditions difficiles de vie, sans argent et sans travail.


Très vite il s’aperçut qu’il sortait déjà du village, à l’opposé de la petite route qui l’y avait amenée. Il passait devant un grand mur de pierres, recouvert par endroit d’une épaisse couche de lierres, puis plus loin par un vieux portail rouillé il aperçut au bout d’une allée quelques vieilles tombes : c’était le cimetière . Il fit encore cinq cent mètres et s’apercevant de la chaleur qui régnait sur cette route décida de retourner au village. Il avait une idée derrière la tête et surtout une faim qui commençait à lui tenailler l’estomac.


N’avait-il pas aperçu au fond de la place quelques tables dressées sous une tonnelle de fleurs, à coté de deux vieux platanes plus que centenaires.


Il se dirigea directement vers cet endroit en pensant qu’il pourrait certainement y manger quelque chose. Un petit panneau à droite de l’entrée indiquait simplement : restaurant, menu du jour ; au dessus, en vieilles lettres de fer forgé toutes rouillées : AU JASMIN BLEU . Une bonne odeur de cuisine et de fleurs se mélangeait dans l’air et plus Luc s’approchait plus il commençait à rêver . Il s’assit sur une chaise de rotin qui semblait être là attendant une seule chose, comme s’offrir à lui, parmi les chaises de jardin qui semblaient être repeintes de neuf, il faut dire que le printemps avait eu l’air d’enjoliver toute cette terrasse.

Quelle fut sa surprise lorsqu’il vit apparaître une charmante jeune fille et qu’il s’aperçut soudain que c’était tout simplement Gwendoline, habillée tout de blanc avec son petit tablier noir très strict. Luc se sentit pris d’un sentiment de joie et de stupéfaction, elle s’approchait de lui en lui faisant un gracieux sourire et ne tarda pas à dire : « Que notre monde est petit, vous verrez, ici nous vivons dans une sorte de microcosme, depuis ce matin j’ai longuement pensé à notre prochaine rencontre sans pourtant y croire. Mais quand j’ai entendu que quelqu’un approchait de la terrasse, par la fenêtre entrouverte j’ai soudain pensé à vous... »


Luc, qui était le premier surpris ne savait que dire ,et commença à s’égarer dans des explications des plus anodines : son installation à la pension de famille, sa chambre qui lui convenait parfaitement, sa ballade interrompue par la chaleur ...Puis ses yeux revinrent vers Gwendoline qui lui tendait une sorte de carte : « Le menu du jour, annonça-t-elle. »

Luc était heureux, cela se lisait sur son visage et les sourires échangés avec Gwendoline montraient clairement la naissance d’une sincère amitié entre eux. Pourtant ils ne s’étaient vus pour la première fois que quelques heures auparavant et à les voir on pouvait penser qu’ils s’étaient toujours connus.

Elle revint prendre la commande, en apportant la traditionnelle carafe d’eau et le panier de pain tout frais coupé, ils échangèrent quelques propos sur le lieu et Luc lui demanda :

« depuis combien de temps travaillez-vous ici dans ce restaurant ? »

« c’est la deuxième saison que je fais ici, et dans cette région le travail n’abonde pas, répondit-elle, vous comprenez, nous sommes quand même à l’écart des grands axes . »

« bon alors, j’hésite repris Luc en ouvrant pour la troisième fois son menu, je prendrai bien une soupe de pays mais il fait si chaud, et bien allons pour une soupe de pays et le reste du menu du jour : crudités, salade et poulet basquaise et puis un quart de vin rosé du pays si vous avez ? »

« Bien sûr que l’on a du vin rosé, ce serait malheureux avec toutes les vignes que nous avons aux alentours, allez un rosé bien frais, cela vous remettra du coup de chaud que vous avez eu en venant ici. Et puis, après mon service, si vous le désirez, j’aimerais parler un peu avec vous, ce n’est pas tous les jours que nous avons de nouvelle tête au pays, comme je vous le disais ce matin, on a un peu l’impression de tourner en rond ici. » puis elle parti de nouveau chercher la commande, alors que plusieurs personnes venaient d’entrer dans la salle en faisant un vacarme un peu inhabituel dans ce lieu si calme. Luc était tellement occupé par sa conversation qu’il ne les avait même pas vu arriver.

Elle lui apporta un pichet de terre cuite pour garder sans doute la fraîcheur au vin et une grande soupière ancienne toute décorée et très chaude et lui souhaita un bon appétit

Elle devait être très occupée par sa grande table, depuis plus d’un quart d’heure on ne l’avait vue réapparaître et la table restait embarrassée par la soupière et l’assiette sale. Elle arriva soudain avec un grand plateau de crudités, qui à première vue, paraissait gargantuesque . Cela faisait sans doute partie du menu. Elle disparut de nouveau alors qu’un jeune couple arrivait avec un petit bébé, ils s’installèrent à l’ombre d’un gros arbre de la terrasse en recherchant un peu de fraîcheur. Ils avaient l’air très pressé et passèrent commande dès la remise de la carte par Gwendoline.

Luc, faisait son premier vrai repas, libre comme vous et moi, il avait quelque chose de plus dans son appréciation, à chaque fourchette qu’il mettait à sa bouche, c’était un plaisir que seules, les personnes ayant connu cette phase difficile par laquelle il était passé, peuvent comprendre. Il rêvait, oui tout simplement il rêvait et n’avait même pas vu que l’on venait de lui retirer son assiette et déjà remis une cocotte en terre avec son plat de poulet basquaise. Il en souleva délicatement le couvercle et un fumet délicieux s’en échappa. Il pensa soudain que vraiment aujourd’hui il avait de la chance, tout lui souriait. Le temps était magnifique, il est vrai que nous nous trouvions quand même dans l’extrême sud du pays et que l’Espagne n’était pas loin. La région lui paraissait hospitalière, ses habitants, pour le peu qu’il en connaissait ,sympathiques, il pourrait sans nul doute envisagé de s’y implanter, de recommencer une vie nouvelle, voir même d’y recréer une famille, ce mot il ne l’aimait pas car pour lui, il y avait bien longtemps qu’il ne savait plus ce qu’il voulait dire. Et puis à quoi bon se faire du mal quand tout peut être simple, tout du moins apparemment simple.

Il appréciait de plus en plus ce repas, allant même à un peu s’enivrer par ce petit rosé du pays, oh quand je dis s’enivrer, le mot est peut-être un peu fort ce serait plutôt se sentir bien dans sa peau, il avait la tête un peu légère, il se resservit un peu de poulet, il avait l’impression que son plat avait été fait pour toute une table, tellement c’était copieux. Il termina la salade et n’en pouvant plus appela la serveuse d’un geste machinal qui le ramena un peu sur la terre. Comme c’était bizarre, il n’avait plus fait ce geste depuis des années et cela lui venait spontanément, comme cela « madame s’il vous plaît, un café et l’addition » et oui après tout ce temps des phrases aussi banales lui étaient restées comme gravées dans la mémoire.

Gwendoline arriva avec son plateau, le café, et avec ses gestes brefs et précis en moins de temps qu’il ne faut pour vous le dire, tout était en place sur la table. « J’ai presque terminé les trois tables, dit-elle et je vous propose de vous rejoindre sur la terrasse dès mon service terminé. Nous aurons le temps de nous causer un peu, si cela ne vous dérange pas , ajouta-t-elle en rougissant un peu. »

« C’est entendu, mais je ne m’attarderai pas trop , si vous me le permettez . » Luc était toujours aussi heureux du moment présent, ce qui se voyait sur son visage, il vivait un des bons moments de sa vie et cela il y avait pensé pendant des mois et des mois et justement il était là ce jour précis : aujourd’hui.

Il dégustait ce café qui pour lui représentait le vrai bonheur. Depuis ce matin il n’avait pas une seule fois penser à ses cigarettes et d’ailleurs en avait-il vraiment besoin ? Lui qui pendant des années n’avait qu’elles comme recours à sa solitude… Fini tout cela, pour combien de temps ? Nul ne le savait.

Gwendoline apparut près de lui et dit en lui souriant « cinq minutes et tout est terminé, j’ai bien mérité de m’asseoir un peu ». Il est vrai qu’elle n’avait pas arrêté une seconde .




Elle vint s’asseoir en face de lui et posa sur la table un plateau avec une grande carafe d’eau fraîche et deux grands verre à eau de couleur bleutée .On avait l’impression que ce moment de détente était fait pour durer et que tout avait été prévu pour qu’il se passe comme un agréable moment de soulagement pour tous les deux.

Luc la remercia de son geste et versa l’eau dans les verres, la chaleur à cette heure avancée de l’après-midi devenait caniculaire et s’il n’y avait pas eu l’ombre de ces gros arbres sur la terrasse , il aurait été complètement insensé d’y rester plus longtemps.

« alors, racontez-moi un peu ce qu’il vous est arrivé ? » lui suggéra brutalement Gwendoline, en allant droit au but. De cette manière elle pensa que Luc serait plus à l’aise pour formuler sa réponse.....


à suivre...bientôt. ici en vous abonnant à la lettre d'info...