mardi 13 novembre 2012

Des nouvelles du Bon Dieu.

Les nouvelles du bon Dieu

Un jour , on lit un livre et l’on se dit : « ce type là, j’aimerais bien le connaître » et puis l’on est déçu. Finalement c’est un type comme les autres….un genre d’écrivain , qui ne pense qu’à une seule chose : donner la vie à des personnages. Ce sont ses personnages qui feront vivre son histoire.
Alors c’est une histoire assez simple en quelque sorte qui commence un peu par la fin. Et oui comment mieux faire quand on sait d’avance que cette histoire n’intéressera sans nul doute personne. Et oui, quand depuis des années on est un écrivain raté et que pour seule histoire on ne sait que raconter sa propre vie.
Puis un beau jour , la chance tourne, on décide de voir le monde autrement , de regarder les gens différemment avec d’autres yeux, d’autres envies et surtout avec un certain discernement acquis au fil de ses écrits. Et ce jour arrive un certain 29 août , alors que comme chaque matin , l’on se lève en pensant que ce sera une journée comme les autres. Et bien non… ! ce jour est différent car il s’est passé depuis plusieurs semaines des choses tellement importantes que l’on a d’autres projets, et parmi ceux-là, celui d’exister autrement.
Un écrivain ne peut pas lutter contre la vraisemblance des faits et pour cela il sera toujours un peu dans un certain monde plutôt irréel. Cela ne fait rien s’il a compris qu’il n’existera seulement quand il recevra du courrier et qu’il sera lu par d’autres.
Alors revenons au fait, la journée commença comme à l’accoutumée par une brève visite de son jardin, n’est-ce pas la meilleure manière que d’être relié à la terre nourricière. Regarder et comprendre dans les moindres détails comment chaque plante et chaque fruit que l’on mangera se sera développé au milieu d’une nature toujours plus dans la lutte. Puis il prit un bon petit déjeuner, ce qui va lui permettre de rejoindre son lieu d’écriture. C’est là qu’il prendra ses véritables affaires en mains : son ordinateur …toujours plus ou moins incontrôlable.
Dans la vie je n’ai jamais eu de véritables opportunités d’avoir de la chance, déjà par mon nom, je me présente : Louis Albert Dieu. Un nom de famille qui me colle à la peau depuis plus de quarante ans. Comment devenir célèbre avec une telle énormité qui me suivra jusqu’à ma réelle disparition…Même sur les moteurs de recherche on citera mon nom des milliers de fois. Et puis ces prénoms que je trouve affligeant. Que faire ?
Heureusement l’événement qui marqua cette matinée si bien commencée fut la non-venue d’une très chère amie à laquelle j’aurais dû raconter en quelques mots toute cette pénible histoire. Je profite donc de cet après-midi pour le faire avec beaucoup moins d’émotion.
Il est clair que dans une autre nouvelle je vous avais narré les faits par lesquels il m’avait été difficile de choisir quatre films dit de long métrage parmi la centaine qui me fut proposé lors de ce festival. Je veux bien entendu parler du fameux festival international du film d’humour de Chamrousse de 1996. J’en vois déjà qui lors de la lecture de ces lignes me prendront certainement soit pour un fou ou tout simplement un farfelu… Soyez sérieux, ce festival, je vous assure, ne manque pas d’humour. Quant à celles et à ceux qui s’en souviendront le film de Didier Le Pêcheur, un ami de longue date ne manquait certainement pas de piquant : « Des nouvelles du Bon Dieu » avec une excellente distribution.
D’ailleurs les trois autres films choisis sont aussi excellent l’un que l’autre et permettront certainement à celles et à ceux ne possédant aucune culture cinématographique de se faire une réelle idée de ce qu’est le cinéma de notre époque. Titres toujours affriolants tels que : « A corps perdus », de Sergio Castellito, « La Fidélité », de Andrzej Zulawski, ou « Carrément à l’ouest » de jacques Doillon.
Tout cela pour vous dire et surtout « Te » dire que rien n’est facile…Il était neuf heures dix quand je lui ai envoyé un petit S.M.S. : juste trois mots… comme à l’habitude. Pour profiter de cette très belle journée. Une terrasse au soleil, un petit noir tout simple, un bon livre et puis tous ces gens qui passent, qui passent tout simplement dans la rue et qui vous regardent et qui se disent certainement : « il n’a que cela à faire aujourd’hui… ! lire… »
Revenons à ce livre commencé avant hier, et lu hier matin doucement au coin du lavabo, elle faisant sa toilette et moi, déclamant dans un ton assez chantant le premier chapitre de ce magnifique roman de G. Verdet : « Larmes blanches »…Tout cela commençait par ces deux phrases plutôt énigmatiques « Dieu est un phoque. Un phoque gris et gras. ». Pourquoi avait-il cité mon nom : Dieu. Une fois de plus je me retrouvais face à ce dilemme. Il y avait déjà très longtemps que je ne fréquentais plus les églises à cause de cela. J’étais toujours choqué par cet usage intensif du nom qui m’avait été donné, une fois pour toute depuis plusieurs générations. Encore Bouddha, Allah, ou les autres…d’accord, mais comme cela brutalement voir son nom partout.
Je fus donc dans l’obligation de continuer à lire ce roman. Toi qui lira ces lignes tu comprendras bien qu’à dix heures du matin , c’est soit le moment idéal pour un écrivain de se mettre à écrire ou bien parfois d’aller se recoucher après une nuit de réflexion et de non-sommeil causée la plupart du temps par la rencontre de deux corps qui ont tellement de choses à se dire que l’espace d’une nuit n’y suffirait certainement pas .
Je restais quand même très proche du questionnement : « pourquoi n’est elle pas venue prendre son petit café, comme je lui avais suggéré dans mon message ? » Elle n’avait sans doute pas pris connaissance du message ou bien avait-elle tout simplement changée son emploi du temps. Je décidais donc, après avoir encore lu plusieurs pages du roman, de retourner à mon ouvrage et essayer par là même de continuer cette histoire ;
Pas facile la vie d’écrivain, quand vous restez comme cela, un peu à court d’histoire et que la seule solution qui vous reste offerte c’est de vous y mettre manu militari en quête du texte qui fera vibrer celle ou celui qui vous lira un jour peut-être.
Midi déjà et toujours aucune inspiration … Dommage, il ne reste plus qu’à faire quelques emplettes pour le repas, ceci rapidement avant que tout soit fermé. Et puis manger n’est-il pas nécessaire afin de renaître dans d’autres dimensions. Restait la solution ultime, celle du film, de ce fameux film qui racontait un tant soit peu ma vie. On aurait dit que le scénario avait été écrit sur mesure et en plus on m’avait mis le qualificatif le plus appréciatif : BON.
C’est là que je compris que c’était mon scénario qui avait été plagié et comme beaucoup d’autres scénarios, tout avait été scrupuleusement recopié, mot pour mot…
Je décidais de me remettre à l’écriture et c’est ainsi que naquit cette histoire, celle que je vous raconte ici, très proche de la vie, de ma vie. Certains parleront de leur vécu, moi, je ne peux pas avec un nom pareil, déjà à l’école c’était difficile, alors ne cherchez plus, j’ai fait une demande officielle et l’année prochaine je choisirai mon nouveau nom : Louis Albert Gilles.
A suivre…/….

Cette nouvelle a été écrite le 29 août 2008 de 15h à 17 heures… Exercice un peu surréaliste réalisé pour mon amie S. qui se reconnaîtra.
Leinad Lassedera