samedi 29 août 2009

Les chemins de Canterate (4ème épisosode)


« alors, racontez-moi un peu ce qu’il vous est arrivé ? » lui suggéra brutalement Gwendoline, en allant droit au but. De cette manière elle pensa que Luc serait plus à l’aise pour formuler sa réponse.


« Ce qu’il m’est arrivé ! » répondit Luc, un peu surpris par la question brutale qui venait de lui être posée, lui qui s’était bien juré de ne rien révéler de sa situation afin de rester libre de ses actions futures, et ne pas être marquer en permanence par son passé qui de toutes les façons l’avait meurtri à jamais.
Il répéta : « Ce qu’il m’est arrivé, je préfère sincèrement ne pas évoquer cela aujourd’hui, si vous me le permettez , je sors d’un mauvais rêve c’est a peu près tout ce qu’il m’est possible de vous dire et je suis tellement bien là, en face de vous avec ces conditions exceptionnelles, la chance que j’ai eu, ce matin en vous rencontrant en arrivant dans votre petit village, et puis cette chambre tranquille qui va me permettre de rester un peu dans ce pays si accueillant. Et puis cette saison qui s’annonçait si douce, tout cela vous voyez, c’est un peu pour moi comme un don du ciel…. » Il parlait, parlait et Gwendoline avait les yeux rivés sur ses lèvres ne sachant plus que répondre, elle savait qu’elle l’avait heurté au plus profond de lui-même en l’attaquant de front, cela ne se faisait pas, et elle commençait à regretter sa trop grande franchise. Elle se demanda comment rattraper simplement la conversation, une idée lui passa par la tête : « Au fait, ce soir il y a une réunion entre amis à neuf heures pour préparer une rencontre d’échanges dans un petit village voisin, si cela vous dit , je passe vous chercher et comme cela vous ferez connaissance avec les gens du coin. »
Luc, à l’idée de rencontrer des gens nouveaux, était heureux. Et il se dit enthousiasmer par cette idée . Il continuèrent à échanger quelques idées sur la vie au pays et Luc, s’apercevant qu’il était déjà quatre heures, se leva et régla le prix de son repas. Il s’approcha de Gwendoline et lui dit : « vous voyez, je viens de passer un des meilleurs moments de ma vie, et je vous prie de m’excuser pour tout à l’heure, j’ai été un peu brutal, mais vous comprendrez un jour ce qui ce passe en moi. Allez à ce soir, neuf heures comme convenu . » Ils se firent de grands sourires et se quittèrent en se donnant rendez-vous à neuf heures. Sur le chemin du retour, Luc pensa à ce qu’il venait de lui arriver et se disait qu’il serait désormais face aux autres, seul avec son passé et que chaque fois il se verrait dans la même situation , devait-il le dévoiler au premier venu sous peine de paraître mystérieux ou devait –il tout simplement à chaque fois détourner la conversation vers d’autres sujets ? Combien de temps tout cela pouvait-il durer, et jusqu’où pouvait-il tenir lui-même ? Cela il n’en avait aucune idée précise.
Il traversa, malgré la chaleur, d’un pas alerte le village et ne tarda pas à arriver à sa chambre , il tourna la clef dans la serrure de la porte, et fut agréablement surpris par la fraîcheur qui régnait dans le bâtiment, il ouvrit la porte de sa chambre et se dirigea vers le lit pour s’y étendre après avoir plié délicatement le couvre-lit, et après encore quelques idées qui lui revenaient en mémoire il finit par sombrer dans un profond sommeil .
Lorsqu’il se réveillât, son premier regard fut pour son réveil qui avec son tic-tac assez bruyant avait l'air de le rappeler à l'ordre : il était bientôt sept heures, et sa journée était passée comme cela, très rapidement, il se déshabilla rapidement, et se mit sous la douche presque froide, il était de nouveau attiré par l’image de son corps, et se regardait sous tous les angles devant la glace qui lui renvoyait une image de lui qu’il avait eu tendance à oublier, il se trouvait encore assez beau garçon et pensa soudain qu’il pouvait encore séduire, ce qui ne lui était pas venu à l’idée depuis très longtemps. Il s’essuya hâtivement en s’assurant de bien sécher toutes les parties de son corps, puis enfila sa chemisette , son slip et son pantalon, puis termina de se raser.
Il prit son porte-monnaie et ses papiers et sortit pour faire la découverte de l’autre partie du village, il passa devant la boutique de sa loueuse qui lui dit : « alors, vous avez fait le tour du village, Monsieur Luc. »
Il s’approcha d’elle et lui dit « Pas encore mais cela va venir, j’ai le temps, et puis il fait si chaud. Au fait ce soir, je prendrait mon repas si cela est possible vers huit heures. »
« Pas de problèmes, il y a toujours quelque chose à manger pour nos pensionnaires, lui répondit-elle, et puis pour vous ce n’est pas pareil, vous venez ici pour y rester à ce que je vois. »
A ces mots , Luc sembla surprit et dit « Bon à tout a l’heure » et il prit congé. Le tour du village fut vite fait, il croisa Gwendoline qui se dirigeait vers ‘’ le Jasmin Bleu ‘’ pour y reprendre son service, ils se sourirent, puis il passa devant une petite épicerie, tabac, quincaillerie qui avait l'air de tout faire même les journaux y compris la librairie. Il entra, acheta le journal local du jour et sortit immédiatement tant il faisait chaud dans cette boutique.



Luc découvre en sortant de l'épicerie - tabac qu'il y a bien une dizaine de petites ruelles étroites qui ont toutes l'air de converger vers une petite place centrale. Tous les bâtiments construits ont un rez-de-chaussée qui devait servir aux animaux et deux niveaux d'habitation . Tous les volets y sont soigneusement fermés, montrant l'inoccupation des locaux. Il aperçut sur la première maison une plaque ancienne sur laquelle était écrit: "Rue Pierre Loti", il continua son chemin et découvrit à quelques cent mètres de là cette ancienne halle en très mauvaise état ne servant sans doute plus à ses buts initiaux. Il y avait plusieurs personnes âgées qui discutaient, assises sur un banc de pierre, en attendant l'heure de la soupe, des enfants à bicyclette s'amusaient à faire le tour de cette toute petite place. Ce qui étonna le plus Luc, c'était l'absence de voiture et par là même de toutes ces nuisances occasionnées par leur présence, il est vrai que l'accès y était difficile voire presque impossible vu l'étroitesse des ruelles qui la desservait. Il trouva un banc resté libre, s'assit et déplia son journal, y lut rapidement les grands titres, s'arrêta sur les nouvelles locales, sans y trouver une réelle attention, il préféra de loin observer de nouveau ces enfants, qui imperturbablement tournaient à grande vitesse en criant de temps en temps des mots qui pour Luc, ne signifiait rien.
Il regarda sa montre et comprit soudain qu'il était temps pour lui de rentrer, son dîner devait l'attendre, en effet ,à peine était-il debout qu'il entendit égrener les huit coups de l'église. Il se dirigea d'un pas rapide vers son auberge, poussa la porte et tout de suite on l'invita à passer à table. Il alla se laver les mains rapidement et se retrouva devant une assiette de soupe de légumes fumante et odorante comme il aimait. Son repas du soir fût rapide, il ne pensait plus qu'à une chose: sa soirée chez les amis de Gwendoline. Luc but son café d'un trait, se leva, prit congé en disant "bonsoir Messieurs Dame, bonne soirée" puis se dirigea vers la porte d'entrée, il sortit et marcha en direction du " Jasmin Bleu". Il était déjà plus de neuf heures et il aperçut Gwendoline qui l'attendait, assise au volant d'une 2cv grise, vous savez, celle qui ont les deux gros phares devant, elle ne devait pas être toute jeune cette voiture. "Montez, lui dit-elle, c'est à quelques kilomètres d'ici et nous devons passer prendre Claude et Julia, des amis qui habitent une ancienne ferme isolée à la sortie du village"
Luc monta à côté d'elle et claqua d'un coup sec la portière, le moteur se mit à ronfler et voilà on était sur la route. Il y avait longtemps qu'il n'avait pas voyagé dans une 2cv, et cela lui rappela soudain que sa première voiture avait été la même, il y avait maintenant plus de vingt ans .
Gwendoline s'était délicatement parfumée et une odeur vanillée flottait dans l'air, elle n'arrêtait pas de parler, c'était un flot ininterrompu de paroles, et Luc avait du mal à suivre le fil de la conversation. Lui qui était habitué à ne plus converser pendant des heures et des heures se trouvait là comme submergé. Il essaya de faire le point dans sa tête, mais n'en eu pas le temps, déjà nous étions dans la cour de la ferme, Claude et Julia étaient montés derrière, la voiture était chargée au maximum, les présentations se firent simplement, Claude était assez timide, alors que Julia était parti dans une discussion avec Gwendoline, on devinait clairement qu'elles se connaissaient bien toutes les deux, à leur manière de parler sans équivoque.
"Luc, nous devons vous expliquer un peu où nous allons et ce que nous préparons pour la fin du mois, ici depuis maintenant une année nous nous retrouvons entre amis dans un groupe appelé "Sel de la Vallée" cela signifie système d'échange local. Nous avons deux réunions par mois qui nous permettent de recréer une vie locale, un peu comme autrefois. Vous comprendrez vite, vous verrez l'intérêt du système, surtout pour les nouveaux arrivants comme vous. Ici ce qui manque le plus c'est l'argent, il y a beaucoup de choses à faire, mais personne n'a d'argent pour le faire, alors il a fallu inventer d'autres façons d'y arriver."
Julia, insista sur un point précis "Nous ici on est un peu les pionniers en tout, il y a huit ans de cela lorsque l'on est arrivé, il n'y avait plus rien qui tournait rond dans le coin, on a vite pensé à retourner d'où l'on venait et puis on s'est accroché, c'était dur à l'époque, maintenant il y a quelque chose de nouveau qui nous a fait renaître, un sentiment d'être utile à quelque chose, d'être utile à ceux qui arrivent, et oui, depuis trois ans il y a des gens qui s'installent de nouveau dans le coin et on parle de rouvrir une école, c'était impensable au début."
On arriva dans un petit hameau, où déjà plusieurs voitures étaient garées devant un grand hangar agricole....


A suivre très bientôt

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